En deuil
J'aime les histoires. Dans les livres, au cinéma, à la télé, dans la vie. Et quand je tombe sur des personnages bien campés, je tombe amoureuse, je leur fais une place dans mon coeur et dans mon existence. Je les suis avidement dans leurs aventures, ils s'incarnent presque dans la réalité, j'en rêve la nuit... pour vrai! C'est ce qui m'est arrivé avec la famille Fisher. Pendant deux mois, j'ai été littéralement accro de Six Feet Under. J'ai enfilé les dvd comme si le temps n'existait plus, voyeuse infatigable de cette famille si particulière de Los Angeles. J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai eu peur, j'ai été heureuse... et j'ai pleuré encore. Et aujourd'hui, je dois vivre avec le deuil de cette histoire terminée, le générique final s'est déroulé dans ma télé, le destin des Fisher est scellé pour toujours. Je pourrai toujours y revenir, revoir les épisodes, lire les scénarios, acheter un poster... mais le plaisir de la première fois est maintenant chose du passé.
Qu'est-ce qui est si magique dans cette série? Les acteurs sont magnifiques, l'histoire est originale et pleine de rebondissements, le texte est bien ficelé. Mais c'est plus que ça. Les personnages ont tous leurs petites cassures, leurs faiblesses, leurs peurs, leurs incertitudes... Et puis ils s'aiment, malgré tout, même s'ils ne savent pas toujours comment! Ça fait d'eux des personnages plus vrais que vrais, en trois dimensions. Ça me touche et ça me rend infiniment curieuse. C'est donc possible d'écrire dans une forme si près de la réalité! C'est donc possible de rendre la fiction si vibrante!
Au même titre qu'un grand roman ou qu'un grand film, Six Feet Under a élevé la télévision au niveau de grand art... Et comme chaque fois qu'une oeuvre me touche à ce point, j'en retiens une envie folle de prendre la plume et d'essayer de toucher la grâce...